Depuis plusieurs années, j’ai l’impression de radoter en vous écrivant encore une fois que nos lacs sont en bonne santé. Mais, c’est cas. Les données ne mentent pas, surtout lorsqu’elle sont volumineuses. Ici, il n’y a rien de subjectif, que des faits. Si le cœur vous en dit, rendez-vous sur cette page où vous pourrez consulter les résultats détaillés de 2024.
Depuis la mise en œuvre du nouveau protocole pour la cueillette des échantillons d’eau en 2018, nos résultats sont d’une admirable constances. Tous oligotrophes *. Les variations d’une année à l’autre sont dans la marge d’erreur.

Je vous rappelle que nous mesurons plusieurs indicateurs: phosphore, chlorophylle et carbone organique dissous. Les deux premiers – surtout le phosphore – sont les plus importants. Le carbone organique dessous étant surtout utiliser pour mesurer la coloration de l’eau. Le ministère de l’Environnement nous demande aussi de collecter des échantillons qui leurs servent à mesurer les chlorures et la conductivité. Le courant ne passe pas dans une eau limpide mais si elle contient beaucoup de particules ce sera le cas.
Le principal indicateur est donc le taux de phosphore mesuré en µg/litre. Tout aussi importantes sont les données de transparence que nous récoltons une dizaine de fois durant la saison estivale. Une eau transparente est le signe qu’il y a peu de phosphore et de chlorophylle (algues en suspension).
Certains se rappellerons que le résultat d’un des prélèvements au lac Boyd pouvait être une source d’inquiétude tellement il était hors norme. Les résultats de ce lac en 2024 nous permettent de conclure que cet échantillon était sans doute contaminé et qu’il s’agit donc d’une aberration.

Bref, même si nos résultats sont très bons, cela ne veut surtout pas dire qu’on peut se reposer sur nos lauriers. Nos lacs sont des environnements fragiles, très fragiles. Il ne faut jamais baisser la garde et toujours se rappeler que s’ils n’étaient pas là nous n’y serions pas non plus.
Des données historiques pas toujours fiables.
Je vous invite maintenant à consulter les sommaires des résultats de phosphore au lac Clair de 2006 à nos jours. Je vous rappelle d’abord que les données de phosphore que nous a fournies le ministère de l’Environnement du Québec avant 2018 étaient erronées, très sous-estimées, surtout celles de 2009 à 2018. C’est ainsi qu’en mai 2018, je titrais ainsi mon rapport annuel sur l’état de nos lacs: Les résultats 2017 de nos lacs: sont-il trop beaux pour être vrais?

Ils l’étaient. Les résultats étaient incroyablement bas. Les experts ont conclu que les contenants en plastique absorbaient du phosphore et que le volume de l’échantillon utilisé était insuffisant.
Le ministère a donc entrepris de les corriger en utilisant des données de chlorure et des équations selon les dates des prélèvements. Les résultats, surtout ceux de 2012 à 2017, sont renversants. Les données de phosphore, autrefois sous-estimées, sont maintenant, sur-estimées. Faut le faire!
Elles le sont aussi dans les lacs Black, Boyd et Curran mais dans une moindre mesure.
Prenons l’exemple du lac Clair que je connais où j’habite depuis près de 30 ans. Regardez attentivement le graphique ci-dessus. Entre 2017 et 2018, le taux de phosphore aurait chuté de moitié et s’est maintenu à ce niveau jusqu’à nos jours. C’est invraisemblable. Surtout qu’il ne s’est rien passe de particulier au lac Clair entre ces deux années; aucun événement qui aurait pu causer cette chute dramatique et permanente du taux de phosphore. Statistiquement, c’est impossible.
C’est important, car cette sur-estimation de la teneur en phosphore dans tous nos lacs, entre 2011 et 2018, fait en sorte que les moyennes de ces 19 années sont sur-estimées, donc inexactes.
Au cours de mes échanges avec des gens du RSVL, j’ai appris que leurs spécialistes avaient collé l’étiquette « suspectes » à ces données. Tiens, tiens!
Même si je leur aurais donné l’étiquette » invraisemblables » je leur ai proposé de conserver le graphique mais d’y ajouter une note, une simple mise en garde pour que le lecteur comprenne qu’il faut prendre çà avec des pincettes car je crois que le public à le droit de savoir la vérité. Si le ministère publie les données sans avertissement, il nous dit que les données sont fiables. Ce qui est faux.
Je n’avais pas l’impression de leur demander de sauter en parachute en plein hiver, simplement de faire un petit acte d’humilité. J’ai reçu une bonne écoute des deux professionnels de l’équipe qui ont trouvé ma suggestion fort raisonnable. Malheureusement, leurs patrons ont refusé d’y donner suite. J’ai demandé un rencontre avec eux mais n’ai pas eu de réponse. Dommage!
Les prochaines étapes.
Nous continuerons évidemment à travailler avec le RSVL. D’abord, il n’y pas vraiment d’alternative, on y retrouve des spécialistes fort compétents et c’est là que sont stockées toutes nos données depuis 2006. De plus, comme on y retrouve les données d’environ 800 lacs dû Québec, le programme nous permet de faire de fort utiles comparaisons.
Ceux qui étaient présents à notre dernière Assemblée générale annuelle (AGA) l’été dernier savent que cette année je tire ma révérence à titre de responsable du dossier de l’environnement. Mon successeur est Daniel Payette, aussi du lac Clair, qui, avec sa femme Johanne Vallée, déjà membre de notre CA, assureront la pérennité du programme de contrôle de la qualité de l’eau dans nos lacs. France et moi seront toutefois encore là pour les seconder et les appuyer dans cette démarche qui est la raison d’être de notre association.
Je profite aussi de l’occasion pour remercier tous les bénévoles qui participent à cette activité et qui, trois fois chaque été, prennent des échantillons d’eau dans nos lacs en suivant un protocole très strict pour éviter toute contamination en plus de mesurer la transparence de l’eau une dizaine de fois, à intervalles réguliers.

Si la qualité de nos échantillons a toujours été au rendez-vous, c’est d’abord dû au travail de France, technicienne de laboratoire professionnelle qui, durant toutes ces années, a assurée le contrôle de la qualité des échantillons d’eau ainsi que la formation des bénévoles. Elle mérite une médaille d’or!
Un énorme merci aux quatre mousquetaires: Gustavo Labbé au lac Black, Bonnie Swaine au lac Boyd, François Côté au lac Clair et André Therrien au lac Curran. Sans oublier tous ceux qui les ont précédé: je pense particulièrement à Rick Havill, John Parsons, Lois et Jim Finch et Sheryl Jackson.
Continuez à protéger nos lacs car, sans eux, la plupart d’entre nous ne seraient pas ici.
* Oligotrophe. Se dit d’un plan d’eau clair, profond et pauvre en éléments nutritifs.


Merci encore pour ce travail formidable.