Les données recueillies l’été dernier dans nos lacs montrent que trois de nos quatre lacs sont classés oligotrophes, c’est-à-dire en très bon état. Ce sont les lacs Black, Clair et Curran. Toutefois, les données du lac Boyd soulèvent quelques inquiétudes et le classent dans la catégorie oligo-mésoptrophe, soit un lac qui montre des signes de détérioration. Nous y porterons donc une attention toute spéciale durant l’été 2024.
Il ne faudrait cependant pas conclure qu’il y a péril en la demeure. Mais, comme dit l’adage, mieux vaut prévenir que guérir,
Voyons ce qu’il en est.
Le lac reçoit constamment des nutriments, dont le phosphore, qui reste en suspension dans le lac et n’a pas le temps de rejoindre et de se lier aux sédiments au fond du lac. C’est la conséquence de son très court temps de renouvellement qui est 0,20 années, soit environ 3 mois. Ce très court temps de nouvellement se compare à ceux du lac Curran de 2,37 années, Black 0,41 années et Clair dont le temps de renouvellement atteint un sommet de 3,39 années.
Dans ce contexte, il n’est pas tellement surprenant d’observer des taux de phosphore qui varient beaucoup et sont plus élevés que dans les autres lacs. En 2023, les données de phosphore sont en dents de scie. Le 18 juin, le phosphore total état de 4,3 μg/litre, , puis le 16 juin à 12,3 μg/litre, et enfin à 5,6 μg/litre, le 20 août. Intriguant, n’est-ce-pas?
J’en ai parlé avec les gens du RSVL du Ministère de l’Environnement qui, comme moi, sont quelque peu médusés. Ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas trouvé de raison valable pour supprimer le prélèvement du 16 juin du dossier. Mais ils n’excluent pas que l’échantillon ait pu être involontairement contaminé. Ces données ont fait en sorte que le lac est passé du statut oligotrophe à oligo-mésotrophe même si les données de transparence sont celles d’un lac oligotrophe.
Mais ce n’est pas tout.
J’ai aussi reçu les données de phosphore corrigées pour les années 2006 à 2017. Plusieurs d’entre vous se rappelleront mon incrédulité lorsque j’ai écrit en 2017: Les résultats 2017 de nos lacs: sont-ils trop beaux pour être vrais? J’avais malheureusement raison. Regardez attentivement le graphique! Entre 2012 et 2017, les données de phosphore avaient été dramatiquement sous-estimées. La raisons sont nombreuses et bien identifiées dans l’illustration qui suit.
J’attire maintenant votre attention sur le graphique suivant qui incorpore les données de phosphore redressées du lac Boyd. Entre les années 2012 et 2017, les données de phosphore ont été sous-estimées d’environ 50%. C’est énorme. Le constat est clair: le lac qui est alimenté par le déversoir de Black, lui-même alimenté par celui de Curran, reçoit beaucoup de phosphore. C’est ainsi que le résultat de 2023 (moyenne de 7,4 mg/litre) a été dépassé trois fois au cours des dernières années comme en fait foi ce graphique.
Bref, il est encourageant de constater que les données de 2021 et 2022 présentent un taux de phosphore très acceptable, celui d’un lac oligotrophe et que celles de 2023 sont peut-être un accident de parcours. Cet été, nous reprendrons la prise d’échantillons et verrons en 2025 ce qu’il en est.
Notez que seules les données de phosphore 2006-2017 du lac Boyd sont disponibles. La révision des données des autres lacs est en cours.
Voyons ce qu’il en est pour les trois autres lacs:
Le lac Black
Rien de spécial à signaler pour le lac Black même si son temps de renouvellement n’est pas très long (0,41 années) – quand même le double de celui de Boyd (0,21 ). Le phosphore total de 4,4 μg/litre, le situe dans la classe oligotrophe. Comme l’eau est plus colorée que dans les autres lacs, la transparence en souffre un peu. On a mesuré 4,3 mètres.
Lac Curran
Le lac Curran se situe encore dans la classe oligotrophe. Le phosphore est à 4 μg/litre un taux presque identique à celui de l’année précédente ce qui indique que l’eau est peu enrichie par des élément nutritifs comme le phosphore. Son temps de renouvellement est de 2,4 années. La transparence se maintient autour de 5 mètres. Donc, au beau fixe.
Lac Clair
Les données de 2023 montrent que le lac Clair est en excellente santé. Le taux de phosphore de 3,6 μg/litre, est le plus bas de l’histoire récente. La moyenne des mesures de transparence est de 6,6 mètres, un score correct pour un été à oublier. À noter que le temps de nouvellement est de beaucoup le plus long de nos quatre lacs: 3,39 années, presque 40 mois.
Pour consulter les fiches de chacun des lacs, cliquez sur ce lien.
Je vous signale que les temps de renouvellement de nos lacs ont été récemment mis à jour à l’aide de nouvelles données topographiques beaucoup plus précises générées par les modèles numériques LiDAR du gouvernement du Québec. J’ai donc remplacé les cartes bathymétriques qui apparaissent à droite sur cette page.
Je ne saurais terminer cet article sans remercier les bénévoles qui collectent les données pour vous durant toute la belle saison: Gustavo Labbé au lac Black, Bonnie Swaine au lac Boyd, François Côté au lac Clair et André Therrien au lac Curran. Sans oublier ma femme France qui assure leur formation et la bonne gestion des échantillons d’eau.
Bonne saison estivale à tous les résidents de la République semi-autonome de Dunany!