La communauté de Dunany a été crée comme partie du comté d’Argenteuil. On y a inclus une partie des municipalités de Chatham, Gore, Wentworth et de la paroisse de Saint Jérusalem. Les lignes de délimitations des ces quatre municipalités convergent vers un point situé à environ dix mètres de la rive du coin nord est du lac Clair. Le comté d’Argenteuil a été incorporé en 1855, la municipalité de Chatham en 1799; celle de Gore en 1840; celle de Wentworth en 1855 et la paroisse de Saint Jérusalem en 1855.
La première mention de Dunany comme municipalité date de juillet 1894 quand la commission scolaire de Dunany a tenté de collecter des taxes des premiers résidents : John Neill, John Evans, N.J. Gain, Joseph McClusky, William Thompson, John Murphy, Duncan MacDougall, Richard Stevenson, William Proudlock, William MacVicar, James Curran, George Smith, R.S. Boyd, Archibald MacDougall et Joseph Boyd. On a tenté d’obtenir le statut de municipalité pour Dunany en 1942 mais la demande a suscité beaucoup d’opposition de la part des différentes municipalités qui craignaient l’érosion de leur assiette fiscale.
Au cours des années, des écossais, des irlandais ont emprunté bateaux, charrettes ou ont tout simplement marché jusqu’au comté d’Argenteuil pour aller s’y établir. Ils ont aménagé ces terres difficiles, coupant les arbres pour y cultiver la terre, produire les grains et légumes dont ils avaient besoin pour se nourrir ou pour les vendre au marché. Après la deuxième guerre mondiale, attirés par la publicité du CN et du CP, les montréalais ont été nombreux à prendre le train pour les Laurentides pour aller y faire du ski. Des localités telles que Shawbridge, Morin Heights, Saint-Sauveur, Mont Rolland, Sainte Adèle et Sainte Marguerite ont explosé, laissant les environs de Lachute à l’abri des citadins.
U n petit groupe de résidents natifs de Dunany répandirent l’idée que leur localité, avec ses quatre lacs à l’eau claire comme du cristal et un nouveau golf était un endroit splendide. Le Club de golf de Dunany a été créé en 1922 et le parcours a été construit sur une parcelle de terre appartenant à la famille Boyd, du lac Boyd. Il y avait, à cette époque, des terrains à vendre pour des prix très raisonnables et des entrepreneurs locaux prêts à y construire des chalets. Il y avait, entre autres, Leonard Gain, Bill Cottingham, Oscar MacDougall. À la fin des années 50 et au début des années 60, la communauté de Dunany, formée alors, principalement de résidents locaux, s’est enrichie de montréalais, professionnels à l’aise, qui cherchaient un endroit tranquille, hors des sentiers battus, mais peu éloigné de Montréal.
À cette époque, l’électricité était fournie par la Gatineau Power et était amenée de Dalesville à travers les montagnes et vallées, à travers la ferme Neil, la route Davidson, jusqu’au centre de Dunany au magasin de Bruce Hunter. Les premiers chalets n’avaient pas l’électricité, pour la plupart, s’éclairaient à lampe au kérosène Aladin, utilisaient une cuisinière à bois pour préparer la nourriture et le foyer pour se chauffer. Plusieurs nouveaux propriétaires se chargèrent eux-mêmes de brancher leur maison aux lignes de la Gatineau. L’achat de la Gatineau par Hydro Québec fut le catalyseur du changement. Avant, la plupart des résidences avaient des toilettes extérieures et, le plus souvent, des systèmes sceptiques primitifs. Des pompes à bras étaient utilisées pour amener l’eau du lac jusqu’au réservoir localisé dans le grenier des chalets. L’eau était distribuée par gravité jusqu’aux éviers et toilettes. La plupart des chalets avaient aussi un réservoir d’huile de quatre cinq gallons à l’extérieur du chalet où les eaux usées étaient collectées et ensuite dispersées dans le sol à travers une série de trous percés sur les cotés réservoir.
Avec l’avènement de l’électricité, tous voulaient maintenant l’eau courante pour le bain, les toilettes et le lavage de la vaisselle. Telle était la situation en 1962 lorsqu’un groupe de résidents du lac Clair, préoccupés par ces développements, décidèrent d’aborder les problèmes créés par cette nouvelle situation. Ce fut le début de l’Association des résidents de Dunany. Progressivement, des résidents des lacs Boyd, Black et Curran vinrent se joindre au groupe. Lors de la première réunion, il fut décidé que le président de l’association aurait un mandat de deux ans et que son successeur viendrait d’un autre lac de façon à assurer une représentation équitable de tous les «dunanéens».
Il y avait plusieurs problèmes. Même si Hydro Québec avait installé de nouvelles lignes pour desservir quelques chalets, la ligne principale venait de Dalesville à travers un terrain difficile si bien que les pannes étaient nombreuses. Un comité a donc été formé pour demander à Hydro Québec à Saint Jérôme d’amener l’électricité en partant de Lachute, le long du chemin Dunany, pour se rendre ensuite jusqu’au lac Louisa et fermer la boucle à Dalesville. Ainsi, il deviendrait possible d’acheminer l’électricité à partir de deux points d’alimentation. En cas de panne, un interrupteur de courant pourrait être activé pour fermer le circuit d’un coté et assurer l’alimentation à partir de l’autre direction. Ces travaux, entamés grâce à l’association, s’échelonnèrent sur plusieurs années, furent éventuellement complétés si bien qu’aujourd’hui, les pannes sont généralement de courte durée.
Un autre problème à cette époque était le piteux état du chemin Dunany et de la route MacDougall. La route principale n’était que partiellement pavée. Le revêtement était fort mince; plusieurs sections étaient en terre et les nids de poule fort nombreux. La plus longue section du chemin Dunany était sur le territoire de la ville de Lachute qui ne disposait pas des budgets nécessaires à la réfection de cette route. Le maire de Lachute d’alors, le Dr Saindon, suggéra d’alerter les médias. Peu de temps après, le «Lachute Watchman» publiait une première page, avec photo des nids de poule à l’appui, un article intitulé : la pire route de la Province de Québec. Des exemplaires du journal furent expédiés tant au premier ministre René Lévesque à Québec qu’au premier ministre Pierre Elliott Trudeau à Ottawa. Peu de temps après, on ajoutait gravier et concassé à la route, puis une robuste couche d’asphalte. L’entretien de la route, de Lachute à l’église Saint Aidan, sur le lac Louisa, est maintenant la responsabilité du ministère des Transports du Québec.
Le comité sur la Qualité de l’eau, dirigé par le deuxième président de l’association, Wels Marshall, rechercha l’aide et l’appui de Tony LeSauteur qui, à l’époque, était le conseiller principal du gouvernement du Québec pour les questions de qualité de l’eau dans les lacs. Les systèmes sceptiques des quatre lacs furent ainsi tous inspectés et classés A, B, C ou D, la cote A étant celles d’un système de qualité approuvé. Plusieurs systèmes ayant mérités les cotes C et D, l’association les enjoignit de corriger leur situation sans quoi d’autres mesures seraient envisagées. La plupart des résidents apportèrent volontairement les correctifs nécessaires mais certains résidents résistèrent et refusèrent même l’accès de leur propriété aux inspecteurs municipaux.
En 1972, l’association s’est rendue compte qu’elle devait prendre des mesures pour protéger ses dirigeants contre les poursuites éventuelles des résidents mécontents. Après de longues discussions, on décida d’embaucher un bureau d’avocats de Montréal pour rédiger une charte et incorporer l’association.
À peu près à la même époque fut préparée, à partir de cartes existantes, une grande carte de Dunany. Toutefois, ces cartes étaient tellement désuètes que les frontières qui devaient se croiser sur le lac Clair ne concordaient pas. C’est ainsi que les frontières des comtés n’apparaissent pas sur cette première carte. Plus tard, à partir de photos aériennes montrant les routes d’accès et la localisation des chalets, une nouvelle carte a été établie. Cette photo aérienne montre clairement les frontières des municipalités. L’association met à jour cette carte à tous les deux ans et y incorpore les changements d’adresses et de propriétaires. Il faut remercier M. Edmund McFaul qui nous a permis de nous associer au projet de photo aérienne du lac Louisa.
Notre association est forte et bien gérée. Le petit groupe initial de 6 ou 7 membres est devenu une association de plus de 160 résidents. Comme vous pouvez le lire dans le message de la présidente, il reste encore beaucoup à faire. Nos objectifs sont que tous les résidents deviennent membres de l’association et et adhèrent à ses grands principes.
Peter Palmer
Membre du conseil d’administration de l’ARD.
Extrait du livre de Eleanor Hammond – « A History of Dunany »